De même qu’on favorise le maintien à domicile pour les personnes âgées, on devrait le faire pour les résidents handicapés qui sont hébergés depuis longtemps dans un foyer d’accueil médicalisé, plutôt que les diriger vers un EHPAD.
À l’instigation des Agences Régionales de Santé (ARS) et de certains conseils Départementaux, une nouvelle politique, visant à orienter les résidents des foyers d’accueil médicalisés (FAM) les plus âgés et les plus dépendants vers les EHPAD, s’est mise progressivement en place.
Une orientation vers un EHPAD s’apparente en effet à une « double peine » pour le résident comme pour sa famille,
- en raison d’un changement radical de l’environnement du résident, une perte de ses repères, de ses amis et du personnel accompagnant engendrant un stress, un désarroi qui peut être fatal à court terme,
- et en raison d’un accompagnement inadapté et sommaire pour des personnes handicapées âgées et dépendantes dans un EHPAD. Lesquels établissements font d’ailleurs la une de l’actualité, avec des mouvements de personnel, des pratiques douteuses de réduction des coûts ayant des incidences fâcheuses sur la qualité des soins et des services.
Et quand on sait que l’espérance de vie en EHPAD est de 2 ans pour les hommes et de 3 pour les femmes !
Derrière cette nouvelle politique se cachent en réalité des objectifs financiers de réduction des coûts : un résident en EHPAD coûte moins cher qu’un résident en foyer d’accueil médicalisé. Cette logique financière est d’ailleurs reconnue et assumée par la direction de nombreux établissements. Elle les conduit à facturer les résidents non plus à un prix de journée mais aux services rendus. C’est la même logique qui a donné lieu à des situations insupportables en milieu hospitalier. Alors qu’une vraie politique devrait faire passer l’humain devant tout autre critère.
Une autre voie nous paraît possible.
Assurer le maintien à vie en foyer d’accueil médicalisé pour les résidents handicapés est à la fois souhaitable et réalisable. Dans le passé, on a bien pu ménager un accueil pour les retraités qui n’y étaient pas alors admis, après leur passage dans un CAT (actuellement ESAT). Il faudrait pour cela renforcer le personnel accompagnant (notamment pour la toilette et les soins), recruter un ou plusieurs infirmiers de nuit, adapter la formation du personnel à la prise en charge spécifique de la fin de vie et prévoir des équipements appropriés (prévention et gestion des risques : chutes, incontinence, etc.).
Philippe Bonneau -